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                                        Badinter au Panthéon, le combat continue contre la peine de mort dans le monde

Vingt mois après sa disparition en février 2024, Robert Badinter, figure majeure de la Ve République et artisan de l’abolition de la peine de mort, entre le 9 octobre 2025 au Panthéon. Une cérémonie nationale présidée par Emmanuel Macron, à la veille de la Journée mondiale contre la peine de mort. La rédaction de lepetitjournal.com est présente pour cet hommage historique.

Badinter, un avocat devenu symbole de la dignité humaine

Né en 1928 et disparu en février 2024 à l’âge de 95 ans, Robert Badinter est tour à tour avocat, ministre de la Justice et intellectuel engagé. Son nom reste indissociable du combat qu’il mena avec conviction : l’abolition de la peine de mort. Le 17 septembre 1981, alors garde des Sceaux du gouvernement Mitterrand, il défend devant l’Assemblée nationale son projet de loi, prononçant ces mots restés dans les mémoires : “la France a été parmi les premiers à abolir l’esclavage. Il se trouve qu’elle aura été, presque la dernière en Europe occidentale, à abolir la peine de mort.” Le 9 octobre 1981, la loi est promulguée. Son article premier est d’une clarté qui marque l’Histoire : “la peine de mort est abolie.” Des mots qui raisonnent en grand sur le Panthéon. La Nation salue celui qui a fait triompher la justice et l’humanité 44 ans plus tard. Ombre au tableau, – à quelques heures de son entrée au Panthéon – des inscriptions injurieuses ont été retrouvées sur la pierre tombale de l’ex-ministre de la Justice.

Robert Badinter rejoint les grandes figures de la République : Jean Jaurès, Simone Veil, Joséphine Baker, Maurice Genevoix, et le couple Missak et Mélinée Manouchian. C’est la cinquième panthéonisation décidée par Emmanuel Macron, avant celle de l’historien et résistant Marc Bloch, prévue pour juin 2026.

Vers 19h, le Président de la République arrive au Panthéon pour rendre hommage à Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort.  Après une ouverture musicale et la lecture du discours de Victor Hugo par Guillaume Gallienne, le cortège remonte doucement la rue Soufflot, sous les applaudissements de la foule venue très très nombreuse, ponctuée de trois arches symboliques : Mémoire, Justice et République, incarnées par Sandrine Bonnaire, Éric Ruf et Marina Hands. Sur le parvis, Julien Clerc interpréte L’assassin assassiné devant le cercueil déposé de Robert Badinter, avant que de jeunes magistrats ne rendent hommage à l’héritage de l’homme. Son discours historique de 1981 résonne ensuite sur les écrans géants, rappelant son combat pour l’humanité.

Une projection magnifique est visible sur les colonnes du Panthéon. “Robert Badinter, c’est la République fait homme”

Emmanuel Macron prend la parole puis la cérémonie se conclut par La Marseillaise. Une projection magnifique est visible sur les colonnes du Panthéon. “Robert Badinter, c’est la République fait homme” entend-t-on, avant d’écouter une dernière fois le grand homme raconter : “Je suis allé à Auschwitz. Il y avait, il y a encore à cet emplacement, d’énormes blocs de ciment armé. Je suis resté là longtemps. Des fleurs avaient repoussé dans les interstices entre les dalles (…) C’était le début du printemps. J’ai emmené les fleurs avec moi, et j’ai écrit à ma mère  : “ Je t’envoie ces fleurs parce qu’elles montrent que la vie est plus forte que la mort.” 

Un hommage en écho à la Journée mondiale contre la peine de mort

L’entrée de Robert Badinter au Panthéon précède de quelques heures la Journée mondiale contre la peine de mort, célébrée chaque 10 octobre depuis 2003. Initiée par la Coalition mondiale contre la peine de mort, et soutenue par le Conseil de l’Europe et l’Union européenne, cette journée vise à mobiliser la communauté internationale pour l’abolition universelle de la peine capitale.

“Tant qu’il y aura la peine de mort, la justice ne sera jamais parfaite.” 

Selon les dernières informations recueillies par Amnesty International publiées en avril 2025 sur le recours à la peine de mort dans le monde en 2024, 1.518 exécutions ont recensées au cours de l’année, soit une hausse de 32 % par rapport aux 1.153 exécutions enregistrées en 2023. 

D’après Amnesty International, 15 pays pratiquent encore la peine de mort dans le monde. Les chiffres annoncés par l’organisation “ne comprennent pas les milliers de personnes très probablement exécutées en Chine, ainsi qu’en Corée du Nord et au Vietnam” qui ne communiquent pas de chiffres officiels. Toujours selon Amnesty,- basés sur les chiffres officiels -, les plus grands “bourreaux” du monde sont l’Arabie saoudite, l’Irak et l’Iran. Les organisations de défense des droits humains avancent plus de 1.000 exécutions ont été recensées en 2025, rien qu’en Iran. Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), évoque, lui, un bilan supérieur à 1.800 depuis l’intronisation du président Masoud Pezeshkian. Aux Etats-Unis, 34 individus ont déjà été exécutés depuis le début d’année 2025. Les mots de Robert Badinter restent donc d’une brûlante actualité… “Tant qu’il y aura la peine de mort, la justice ne sera jamais parfaite.”